Europa
Les émeutes en France, un bref récapitulatif
Bâtons, molotovs et jets de pierres. Voitures, poubelles et magasins brûlés. Abribus détruits, violents affrontements, lieux de cultes endommagés et même bâtiments incendiés. Tous ces élements font partie d’une situation que, a partir des années 90, est devenue quasiment normale dans certaines villes françaises et, particulièrement, aux banlieues. Raimundo Gregoire Delaunoy | 30 mai 2019 À […]

Bâtons, molotovs et jets de pierres. Voitures, poubelles et magasins brûlés. Abribus détruits, violents affrontements, lieux de cultes endommagés et même bâtiments incendiés. Tous ces élements font partie d’une situation que, a partir des années 90, est devenue quasiment normale dans certaines villes françaises et, particulièrement, aux banlieues.

Raimundo Gregoire Delaunoy | 30 mai 2019

À cette époque-là, l’introduction des nouveaux corps répresiffs et l’intention de changer l’architecture urbaine (spécialement, la construction de ghettos) ont echoué. Si pendant presque 40 ans la France a vécu une étape de tranquilité sociale, dans les dernières trois décennies les émeutes (avant connus sous le nom de « violence urbaine ») se sont installés dans l’agenda sociale et sécuritaire du pays. En fait, entre 1995 et 2002, la France a connu des importantes émeutes à Nanterre, Châteauroux, Toulouse, Metz, Strasbourg et, bien sûr, Paris, mais le point d’inflexion a eu lieu en 2005.

Les émeutes de 2005[1] n’ont pas été seulement inédites (trois semaines de duration, plus de 5.000 interpellés et environ 11.500 policiers et gendarmes mobilisés chaque jour) mais aussi ils ont atteint une diménsion nationale (incidents dans au moins 280 communes du pays, c’est-à-dire, une décentralisation). Alors, a partir de ce moment là, une des grandes questions, qui toujours reste actuelle, c’était le future des émeutes et, particulièrement, si elles continueront et seront chaque fois plus grandes et fortes. Après ce qui s’est passé en 2005, on peut trouver peu de changements vraiment importants et, encore pire, les émeutes de 2018[2] ont rappelé, une nouvelle fois, les graves épisodes vécus en 2005.  En fait, les émeutes de la fin de 2018 ont laissé un bilan de 714 condamnations à de la prison recensées, notamment à Paris (100 condamnés), Toulouse (63), Lyon (48), Montpellier (42), Rouen (25) et Caen (22)[3].

C’est qui est intéressant c’est que le mouvement des gilets jaunes a un bon soutien de la population française. Selon un sondage d’OpinionWay[4] pour LCI, du 14-15 novembre 2018, 65% des français soutennaient les gilets jaunes. Un mois plus tard, l’opinion favorable avait un 59%, tandis que 30 jours après l’aprobation était de 56%. Seulement dans la fin février on trouve un soutien plus faible, avec une taux de 48% et 46% le 20-21 février et le 26-27 février, respectivement[5]. Un autre sondage, publié le 7 février et réalisé par YouGov, donnait un 64% de soutien aux gilets jaunes, tandis que une autre publication[6], d’Ifop, annonçait que le mouvement avait un 58% d’opinions favorables. Néanmoins, un sondage d’Elabe pour BFMTV, elaboré le 12 et 13 février, établissait un soutien de 58%, mais 55% des personnes voulaient que le mouvement arrêtait ses manifestations qui, pour le 64% des intérrogés, « «se sont éloignées des revendications initiales du mouvement »[7].

Quelle explication pour le phénomène ?

Alors, qu’est ce qui se passe dans les grandes et moyennes villes de France ? Il est correct de parler de l’échec du modèle d’intégration sociale ? Pourquoi il y a une telle agressivité dans les émeutes ?

En ce qui concerne cette dernière question, la réponse semble facile et logique, parce que les villes françaises souffrent d’une grave maladie sociale qui est une conséquence, parmi d’autres, de la discrimination (économique, raciale et religieuse), la précarité, l’inconformisme, la pauvreté, le chômage et la répression. Tous ces élements provoquent un phénomène qui finit par se transformer (ou s’exprimer) en une foule instinctive qui ne réflechi pas et qui vomit toute la rage accumulée (soit individuelle ou collective) pendant des années (ou même de génération en génération), mais qui n’est pas un caprice de quelques personnes. Au contraire, c’est un grand symptôme d’une maladie sociale sans contrôle et qui, jusqu’au  maintenant, n’a aucune relation avec les phénomènes des bandes ou de l’islamisme radical aux quartiers plus défavorables. Alors, pourquoi il y a des émeutes ?

Au niveau général, si la racine ou source et la même,  les motifs circonstantiels qui enchaînent des émeutes sont différents. Par example, le 3 et 4 mars 2019, au quartier Mistral, à Grenoble, deux jeunes agés de 17 et 19 ans ont trouvé la mort après qu’ils essayaient d’échapper d’un contrôle policiel. Le résultat, en essayant d’éviter le contact avec les policiers et les deux jeunes, le chauffeur d’un bus a frappé et tué ceux derniers. En suite, les émeutes ont eclaté. L’histoire est différente dans le cas des émeutes de 2005, parce que la version plus acceptée (en ce qui concerne l’origin des affrontements) est l’utilisation du gaz dans la mosquée Bilal de Clichy-sous-Bois.  La Corse c’est un autre exemple, parce que dans l’île il y a toute une longue histoire de inconformisme et lutte contre les authorités centrales de Paris, mais aussi il y a un forte nationalisme corse. Par exemple, les émeutes de la fin de 2015 ont eu un sentiment anti-maghrébin, mais, normalement, le motif principal c’est la lutte contre le pouvouir central et, donc, la répression des forces de l’ordre est la mèche qui enflamme tout (selon les émeutiers).

En ce qui concerne la population musulmane, un des grandes problèmes c’est une manque de participation, au niveau politique, des islamistes ou des communautés musulmanes. Dans ce contexte, les jeunes musulmanes qui veulent protester -contre un système qu’ils categorisent comme injuste et discriminatoire- peuvent trouver deux chemins pour la mobilisation, qui seraient « le salafisme djihadiste ou les émeutes »[8].  Néanmoins, dans le cas de la violence émeutiere, il s’agit d’un mouvement spontané est pas d’une organisation dirigée par les islamistes, c’est-à-dire, il s’agit d’un « vomit » sociale qui réunit aux différents secteurs mécontents.

En bref, on peut dire que les émeutiers partagent situations communes –un sentiment d’être périphérique, l’inégalité socioéconomique, une méfiance envers les institutions publiques, le chômage et la pauvreté, entre autres-, mais il y a une manque totale d’une seule visage visible qui dirige le mouvement et, en plus, il n y a pas une revendication sociale qui cherche un chemin vers la transformation en une groupe politique. Alors, au contraire de ce qui se passe en Corse, où il y a des élus qui peuvent transmettre les messages des gens mécontents, les émeutiers en général n’ont pas la possibilité de s’organiser. Et c’est pour ça que, parmi d’autres raisons, il est très difficile d’établir un pont de communication entre les authorités et les émeutiers.

Alors, qui sont les émeutiers ?

Réponse « facile » pour une question difficile. Dans les émeutes il est possible de voir anticapitalistes, syndicalistes, enfants de commerçants, professionels, noirs, arabes, blancs, femmes, hommes, etc. Alors, il est visible l’héterogéneité et, en citant Laurent Mucchielli et Abderrahim Aït-Omar, « la violence émeutière est une réaction spontanée dénuée de tout support organisationnel (association, syndicat, parti politique). Les émeutiers n’affichent aucune banderole, de crient aucun slogan dans des haut-parleurs, ne distribuent aucun tract. Ils n’ont pas de porte-parole, ni même de leaders. Ils n’ont aucun discours construit et encore moins formaté à proposer aux journalistes qui viendraient les interroger et à ceux des hommes politiques qui accepteraient éventuellement de les prendre au sérieux »[9].  Alors, la conclusion est évidente : les émeutes sont une expression naturelle de rejet contre les responsables –selon le point de vue des émeutiers- de la ségrégation urbaine qui existe dans un bon nombre de villes du pays. Cependant, graçe à sa condition de mouvement spontané, il est impossible de faire une déscription plus approfondie des groupes émeutiers.

En ce qui concerne les émeutiers en général, le proffeseur Michel Kokoreff donne une piste en affirmant que « à la dégradation des grands ensembles et à leur enclavement s’ajoute le chômage de masse, qui touche 20 à 30 % des actifs, pour atteindre dans certaines villes la moitié et plus des jeunes en âge de travailler. La surpopulation juvénile y est spectaculaire, entre 40 et 60 % des habitants ont moins de 25 ans »[10]. Évidemment, deux sources du conflit sont l’àge des émeutiers et la ségrégation sociale. Cette dernière, dans plusieurs fois et selon les mêmes jeunes qui participent dans les émeutes, à cause du racisme. En fait, l’expression « la jeunesse issue de l’immigration » est un des facteurs qui expliquent la rancune de tous ces jeunes, voire adolescentes, envers le gouvernement, les institutions publiques et la Police.

 Conclusions

La repression sert a rien[11] et encore moins si elle n’est pas accompagné d’une volonté politique de recherche et d’étude du phénomène, c’est-à-dire, la capacité de comprendre ce qui se passe, assumer les erreurs commises et l’établissement de messures de court, moyen et long terme qui peuvent assurer une amélioration de la situation sociale qui, finalement, est la grande racine des émeutes.

L’intégration, au niveau des populations mais aussi en ce qui concerne les espaces publiques des quartiers des villes,  toujours reste comme un grand défi. Dans un contexte de crise économique européenne (donc, française) et mondiale, il faut trouver des mécanismes que permettent de lutter d’une meilleure manière contre la stigmatisation de quelques groupes et l’affaiblissement de la condition de vie des populations plus pauvres. En même temps, la intégration des diverses cultures est aussi un grand problème, mais, en parallèle, une belle opportunité. La « ghettoïsation » est un obstacle pour une meilleure intégration de la société française et, logiquement, les solutions doivent venir des groupes importantes, c’est-à-dire, leaders religieux, les gouvernements, élus locaux et, bien sûr, les gens en général. Alors, l’amélioration de l’infrastructure publique –tramway ou métro, jardins, logement, écoles, la rue, etc.- est un des grands défis et, en même temps, c’est une obligation.

La sénsation d’abandon[12] est palpable et il faut agir avec des mesures qui permettent un vrai changement des quartiers. La ségrégation urbaine est toujours une barrière est il est très important que les gouvernements et représentants politiques –au niveau général et local- commencent a développer un nouveau modèle d’intégration urbaine.  

Finalement, il est très difficile d’établir avec une complète précision quels son les buts des personnes qui participent dans les émeutes. Principalement, parce que la violence n’avance pas ver une transformation en discours politique et, donc, il y a une manque de revindication sociale, économique, raciale, religieuse, etc. Jusqu’au maintenant, le seul fait concret est la nécessité d’exprimer une volonté de changement et, peut être le plus important, de lâcher une colère multiforme envers les authorités et même leur propre pays.


Références

[1] En outre, le gouvernement a décrété, le 8 novembre, le couvre-feu et l’état d’urgence. Ce dernier a été prolongué jusq’au 4 novembre. C’était la deuxième fois, depuis 1955, qui s’était apliqué l’état d’urgence (la première en Nouvelle-Calédonie, en 1985). Sources : https://www.lemonde.fr/societe/article/2005/11/09/le-couvre-feu-a-ete-instaure-dans-plusieurs-grandes-villes_708614_3224.html et  https://es.ambafrance.org/France-fin-de-l-etat-d-urgence-a

[2] europe1.fr/societe/56-des-francais-soutiennent-toujours-les-gilets-jaunes-selon-un-sondage-3841526   

[3] https://www.bastamag.net/gilets-jaunes-champs-elysees-justice-repression-condamnations-violences-police-loi-anti-casseurs-prison

[4] https://www.lci.fr/social/sondage-le-soutien-des-francais-pour-les-gilets-jaunes-s-erode-a-nouveau-2115646.html

[5] Il est intéressant de noter que, selon un nouveau sondage d’OpinionWay du 16 mars, c’étaient les électeurs de Marine Le Pen (RN) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) qui soutennaient le plus le mouvement des gillets jaunes (avec 75% et 74% d’approbation, respectivement), ce qui démontre le charactere mixte et « anti-système » du groupe. Par contre, les électeurs d’Emmanuel Macron donnaient seulement un 27% d’appuie.

[6] https://www.lejdd.fr/Politique/gilets-jaunes-les-francais-toujours-favorables-au-mouvement-3-mois-apres-3853526

[7] https://www.lanouvellerepublique.fr/a-la-une/gilets-jaunes-une-majorite-de-francais-en-faveur-d-un-arret-du-mouvement

[8] https://www.crisisgroup.org/fr/europe-central-asia/western-europemediterranean/france/france-and-its-muslims-riots-jihadism-and-depoliticisation

[9] « Les émeutes de l’automne 2005 dans les banlieues francaises du point de vue des émeteurs ». Mucchielli, Laurent & Aït-Omar, Abderrahim. Disponible sur : https://www.laurent-mucchielli.org/public/RIP30_Mucchielli_Ait-Omar.pdf

[10] Kokoreff, Michel. Chronique des émeutes de cités. Disponible sur : https://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/libris/3303330403853/3303330403853_EX.pdf

[11] Un des meilleurs exemples c’est ce qui se passé dans la mosquée de Clichy-sous-Bois dans les émeutes de 2005.

[12] Comme l’a exprimé un témoin des émeutes du 2005,  «on a passé six nuits blanches à faire rentrer les jeunes. Certains nous écoutaient, d’autres pas. Ils avaient la rage. Le réveil a été dur. On n’a jamais eu de cellule psychologique pour les enfants à l’école comme il y en a quand il y a des drames… C’est parce qu’on n’appartient pas au même monde. On ne vaut rien dans les quartiers. On est là que pour les élections… ». Disponible sur : https://www.lemonde.fr/banlieues/article/2015/10/26/les-emeutes-de-2005-racontees-par-quatre-temoins_4797063_1653530.html